La revue du SNP

[publié le 26/05/2017]

P&P n°250 : Construire avec les autistes (juin 2017)

 

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Et maintenant ...? Alors que paraît ce dernier numéro d'un long dossier sur l'autisme, qu'allons-nous proposer, nous psychologues, en termes de recherche et de pratique, pour répondre à toutes ces questions restées en suspend, pour développer un partenariat plus efficace entre nous, avec les patients et leur famille, avec les associations ?

 

 

Dans ce troisième volet, la parole est donnée à des auteurs qui, une fois encore, ont des approches ouvrant des perspectives différentes et probablement complémentaires de celles déjà abordées.

 

 

Anne-Yvonne Jouan propose une vignette clinique témoignant d'une approche développementale avec le corps au cours d'un travail de groupe co-animé avec une psychomotricienne.

Marie-Dominique Amy montre l'importance et l’évolution des relations famille-professionnels ces dernières années et la nécessité de ce partenariat parents-professionnels dans la co-construction du projet individualisé.

Valérie Gay-Corajoud nous narre le parcours de son fils, les obstacles rencontrés par la famille, nous invitant à rester ouverts et à nous appuyer sur le rythme de l'enfant, ses choix d'intérêts dans l'accompagnement de son évolution.

Marie-Françoise Neveu a une lecture personnelle et originale et évoque plusieurs pistes sur la question de l'origine multifactorielle de l'autisme. 

Emmeline Loyot, puéricultrice, témoigne de sa pratique de rééducation neuro-développementale auprès d'enfants autistes, partant du postulat d'un dysfonctionnement du traitement de l'information sensorielle.

Abdel Halim Boudoukha et Philippe Guimard dénoncent des clôtures dogmatiques et évoquent ce qui, selon eux, nous a amené à une forme de "radicalisation idéologique", invitant les psychologues à ne pas se laisser instrumentaliser.

Solène Ekizian et Valérie Montreynaud nous parlent des exigences en matière de formation sous-jacentes à la prise en charge de personnes autistes en psychothérapie. 

Pía Martel Werner et Michèle Benhaim, tentent de préciser comment d’un point de vue analytique se constitue le monde interne de l'adolescent asperger, appuyant leur développement sur les modalités de fonctionnement qui confèrent une instabilité ne favorisant pas le développement des processus psychiques à l'oeuvre durant ce temps de l'adolescence.

Bahia Papin et Benoît Guillot, partant du constat que les autistes Asperger ont des problèmes de compréhension de la relation sociale et de la réciprocité émotionnelle, nous présentent le fonctionnement de l'atelier d'habiletés sociales destiné à des adolescents autistes qu'ils ont mis en place depuis un an.

Céline Zadigue a eu une lecture approfondie des recommandations de bonnes pratiques publiées par la Haute Autorité de Santé et a réalisé une étude très éclairante pour les praticiens confrontés au fait que ces recommandations sont parfois détournées de leur objectif initial, devenant alors des injonctions de "faire" dans les institutions où ils exercent.

Hélène Olomucki nous propose les réflexions que lui a inspiré la lecture des articles des numéros précédents de ce dossier consacré à l'autisme. Tout comme, Marie-France Jacqmin qui se risque à lancer quelques pistes au terme de ce dossier riche en témoignages très différents.

 

 

Nombre d'entre nous se sont mobilisés pour contribuer à un dossier sur le thème de l'autisme, il nous appartiendra de rester présent sur le terrain pour défendre une pratique respectueuse du sujet

et une ouverture théorique.

Les recommandations de l'Etat ne sont pas toujours utilisées à bon escient : alors qu'il ne s'agit que de préconisations elles ont été interprétées parfois comme une "règle", une norme sine qua non pour les professionnels.

Dans les moments de tension le retour à des idéologies simplificatrices a tenté certains, découragé les approches professionnelles plurielles et il est temps de développer des recherches et d’assurer des moyens humains et structuraux nécessaires à la poursuite des soins et de l’accompagnement que demande la situation singulière de chaque enfant et adulte autiste.

Et maintenant, quels peuvent être les objectifs à poursuivre ? 

• Explorer toutes les méthodes d'intervention précoce pour aller vers un choix éclairé de propositions d'accompagnement.

• Améliorer les connaissances et services en changeant la méthodologie et la formation dans le but de mieux répondre aux particularités de chacun. Repenser une formation qui permette de se familiariser avec l'ensemble des problématiques liées au spectre autistique en valorisant le tutorat pour les étudiants en recherche intéressés par ce domaine et développer des possibilités de stage.

• Aider chacun à trouver sa place dans la société, mieux accompagner à l'emploi les adultes autistes en fonction de leur possibilités intellectuelles et leurs capacités de supporter les interactions sociales; en effet, leur hypersensibilité à différentes stimulations peuvent être très éprouvantes et les gêner pour trouver de travail car les situations sociales comme par exemple, un entretien d’embauche en face-à-face sont très difficiles à appréhender pour eux. • Porter un autre regard sur les personnes autistes, de l’ordre de l’acceptation de la différence plutôt que de ne penser les différences qu'en termes de troubles, symptômes, déficits, maladies.... Evitons l'affrontement et tentons un autre abord, plus axé sur le partage. Les autistes et leurs proches ont la capacité à former des associations, à se représenter, à témoigner, même si cela est souvent difficile. Leur aide est précieuse pour mieux appréhender les particularités du fonctionnement autistique.

 

 

Cessons de poser des étiquettes pathologiques, de vouloir traiter, corriger ou guérir, de voir seulement des manques à combler pour mieux observer et intégrer dans nos propositions d'accompagnement la créativité, la spontanéité, la vision des détails, l'hypersensibilité, l'hyperfocalisation des autistes... Appuyons nous sur ces particularités pour construire une aide 

adaptée. Chaque être humain a des compétences particulières et uniques. Plutôt qu’une addition de données et de propositions, un partage en posant le patient au centre des intérêts et en construisant avec lui des objectifs différents, selon le moment, selon son évolution, est à rechercher car il arrive encore trop souvent qu'une "routine" s'installe et que les pratiques ne soient plus interrogées (manque de moyens de supervision dans les équipes, poids des "recommandations" dans les services....). Une analyse partagée entre les professionnels et un partenariat avec les patients et leur famille évitent la division et l’incohérence des thérapeutes et l’incompréhension du patient et de ses proches. 

Utilisons au mieux les ressources de l’équipe. Chaque intervenant a quelque chose à proposer mais tout le monde n’a pas tout le temps quelque chose à proposer. L’optimisation de ces propositions, dans la forme et dans le moment, doit être également recherchée. Cela implique de chercher à comprendre les impératifs et le système de valeur des autres disciplines. Chacune de nos orientations théoriques a son discours et sa méthode et il serait opportun de se comprendre et de se respecter. C’est un véritable mouvement d'empathie interdisciplinaire qui serait alors proposé. Il n’y a pas de sous discipline, même s’il doit y avoir un acteur principal réalisant la synthèse et véhiculant le message au patient.

 

 

On peut espérer que l’interdisciplinarité ainsi vécue apporte confort et réassurance aux thérapeutes impliqués et leur permette de s'exposer plus en tant que force de proposition. Conditions pour

que le patient ait une opportunité pour une qualité de vie, une meilleure communication méta-thérapeutique, un sentiment de réassurance et de confort, une inscription harmonieuse dans le groupe, où chacun trouve sa place et où les objectifs posés et proposés le sont de manière collégiale et cohérente. Cette manière de travailler ensemble peut faire tomber certaines cloisons, établir la continuité, amorcer plus de réciprocité et de complémentarité. 

Ainsi l'autiste se verra reconnu et respecté dans toutes les périodes et toutes les dimensions de son existence.

 

 

Patricia Perrier

Psychologue, membre du comité de rédaction, coordonnatrice du dossier

 

 

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