La revue du SNP

[publié le 07/04/2017]

P&P n°249 : Dynamisme et résistances à l'Education nationale (avril 2017)

 

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Ce 2 février 2017 est paru au journal officiel le décret n°2017-120 du 1er février 2017 portant dispositions statutaires relatives aux psychologues de l’éducation nationale. Moment historique pour tous les psychologues de l’Education nationale !
Ce texte qui signe la création d’un corps unique de psychologues de l’éducation nationale apporte la reconnaissance statutaire tant attendue pour tous les psychologues dits «scolaires».


L’annonce officielle de la création du corps avait été faite dans le communiqué de presse du 1er juillet 2015. Nous avons tous été sensibles au discours de la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud Belkacem, le 24 septembre 2015 dans lequel elle reconnaît la place entière des psychologues au sein de l’école et l’importance des dimensions humaines et affectives dans les apprentissages.
Le président de la République, François Hollande a renforcé cette volonté de reconnaissance dans son discours du 29 novembre 2016 lors du lancement du plan Bien être et santé des enfants et des jeunes. Il a précisé également que le service public n’est pas figé, immobile. Ce qui sous tend un possible et concevable changement. Il a confirmé la création d’un corps unique de psychologues de l’éducation nationale.
Rappelons que l’actualité est ponctuée de problématiques inquiétantes qu’il s’agisse de harcèlement à l’école, de radicalisation des jeunes, de violence, de décrochage scolaire. Le psychologue est plus que jamais un professionnel indispensable pour accompagner ces jeunes. 

De fait, la dimension psychologique est reconnue dans l’article 3 du décret où sont cités souffrance psychique, bien-être et équilibre psychologique des enfants et des adolescents à l’école. 

Néanmoins, les volontés ministérielles affichées ne sont pas toujours en adéquation avec les textes élaborés au niveau de la DEGESCO (Direction générale de l’enseignement scolaire). Ce service administratif chargé de traduire l’esprit de la loi en textes réglementaires met en avant les seuls aspects éducatifs et pédagogiques. En effet nous regrettons dans les textes de cadrage de ce nouveau corps une certaine prépondérance de la psychologie de l’éducation induite par la préparation au concours par cette spécialité. En conséquence, le contenu des concours de recrutement nous paraît très formaté et centré sur l’éducation, ce qui témoigne des résistances de l’institution à intégrer les dimensions cliniques et psycho-pathologiques du  travail auprès des enfants, des adolescents et des familles.

Rappelons que le concours est ouvert aux étudiants inscrits en M2 ou en possession de M2 toutes spécialités confondues, ce qui n’était pas la demande du SNP, qui défend un recrutement sur titre, ouvert à tous les champs de la psychologie.
De plus, la reconnaissance de la spécificité de la profession de psychologue à l’école comporte encore des incohérences, des résistances parfois, des impossibilités à considérer l’Education nationale autrement que comme une famille pour certains de ses membres enclins à ne pas reconnaître la diversité des intervenants. Comment accepter que la condition nécessaire jusquelà pour être psychologue à l’école était d’avoir enseigné ? Des raisons historiques et culturelles propres à l’Education nationale justifiaient sans doute ce fonctionnement endogène. On le perçoit encore lors des rencontres avec différents directeurs académiques.


Un dossier spécial consacré à ce champ d’exercice nous est apparu comme une nécessité venant couronner tant d’années de lutte et d’investissement de nos collègues du SPEN puis de la commission Education nationale du SNP. Ce dossier exprime également notre volonté de garder une vigilance pour que la prise en compte des souffrances entravant la réussite scolaire soit au coeur de la psychologie à l’école.

Enfin, nous remercions les auteurs qui ont permis à ce dossier de voir le jour. Celui-ci est l’expression de réflexions théoriques comme de pratiques de terrain.

 

Anaïs Barthélémy, secrétaire de la commission Education nationale durant de nombreuses années, cheville ouvrière de ce moment historique pour toute la profession, amorce ce dossier. Nous saluons son engagement et sa persévérance et nous l’en remercions vivement. Elle replace cette avancée dans l’histoire de la psychologie à l’école, tout en accentuant le besoin de se tourner vers l’avenir comme si ce n’était là qu’une première
pierre posée à l’édifice. 


Ayant pour point de départ un stage en RASED (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) auprès d’une psychologue, Juliette Callens, maintenant psychologue clinicienne en activité, s’interroge sur des espaces de temps informels, moments d’échanges entre les enseignants et le psychologue à l’école. Elle visite ces interstices sous l’angle d’un jeu potentiel de transformation-déformation qui aurait aussi une fonction régulatrice dans l’institution.


Audrey Jolivet, psychologue dans le premier degré témoigne d’une pratique dans laquelle la clinique a toute sa place à l’école. Cette approche accueille la complexité de l’enfant au-delà de ce qui se manifeste sur le plan des apprentissages. Elle permet aussi d’accompagner l’enseignant dans sa compréhension de l’élève.

 

Odile Déchavanne nous apporte un regard à distance sur le rôle du psychologue à l’école, nous alerte sur l’effacement de l’humain et du sujet derrière l’utilisation des chiffres, des normes, des
diagnostics dans l’Education nationale.


Annie Combet témoigne de sa place au sein de l’institution, à travers le parcours chaotique d’un enfant à l’école accompagné de nombreux dispositifs réduits à des sigles qui demandent à être mis en sens. Le travail auprès de l’équipe pédagogique, en lien avec les partenaires extérieurs permet de soutenir la place de l’enfant en tant que sujet.


Patrick Ange Raoult pose la question centrale de l’importance du travail clinique pour prendre en compte la souffrance psychique des enfants et des adolescents au sein du système scolaire. Il invite les partenaires de cette réforme que constitue la création du corps de psychologue de l’éducation nationale à ouvrir un potentiel d’innovation et ne pas se refermer sur ce qui existe déjà.


Eliane Gamond fait part de réflexions à partir du rapport du Conseil national d’évaluation scolaire paru en septembre 2016. Rapport traitant de l’accentuation des inégalités au sein du système scolaire français et du paradoxe qu’il révèle. Elle propose d’articuler l’émergence de ce nouveau corps avec la place que le psychologue peut occuper dans la lutte contre les inégalités.


Marie-Rose Moro décrit le contexte sensible dans lequel se déploient les actions du psychologue en faveur du bien-être des jeunes. Elle s’associe à Jean-Pierre Bellier à qui la ministre de l’Education nationale a confié le suivi du dossier des psychologues de l’éducation nationale. Ensemble, ils retracent les jalons historiques de la création de ce corps. 

 

Jean-Luc Bernaud évoque la réforme de la formation des psychologues dans le secondaire et s’interroge sur la posture, les objectifs et les priorités des professionnels qui interviennent dans le champ de l’orientation. Il place le sens de la vie au coeur du projet d’orientation et propose d’aider l’élève à penser sa vie de façon globale afin de donner du sens à ses actions.

 

Nous sommes reconnus comme psychologues. 
Cette reconnaissance de notre statut doit constituer un nouveau départ. A nous de poursuivre nos réflexions dans un esprit d’ouverture tant sur le plan du métier, que dans la reconnaissance du sujet qui est en face de nous au quotidien.

 

Sylvie Bonneville, Annie Combet, Solange Fanget, Guylaine Franco-Roux, Eliane Gamond,
membres de la commission Education nationale du SNP.

 

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