La revue du SNP
P&P 222 : Parole publique du psychologue (juin 2012)
Psychologues et Psychologies n°222
Nous faisons le constat que les psychologues n'apparaissent presque jamais dans ce qu'il est convenu d'appeler les médias de masse et n'écrivent que rarement à destination du grand public sur les faits politiques et sociétaux. Ces faits ne manquent pourtant pas de provoquer des interrogations pour les spécialistes du psychisme. Que ces derniers ne soient pas en reste pour produire de tels écrits, au titre de psychiatre ou de psychanalyste, rend le silence des psychologues d'autant plus remarquable.
Nous avons souhaité aborderce sujet sous l'angle des origines de cette absence (est-elle liée à la constitution de notre discipline, à celle de notre profession, ou à d'autres facteurs?) et des modalités sous lesquelles un engagement des psychologues à produire des éléments d'analyse de ces faits politiques, accessibles aux citoyens, et non seulement à leurs pairs, serait possible, ou non.
La rapidité étonnante avec laquelle ce dossier s'est constitué, répondant sans doute non seulement à l'actualité politique que connaissent les psychologues ainsi qu'à une vive volonté, de leur part, d'y réagir, nous paraît suffisamment remarquable pour la mentionner dans ces lignes.
Les divers textes soumis à votre lecture ne sont pas politiquement corrects et ont de ce fait le mérit de nous aider à y voir plus clair. En proposant une vision politique, historique, collective et par-dessus tout, enfin solidaire de la situation des psychologues en France, ils nous permettent par ailleurs, de sortir d'un sentiment souvent individuel, de persécution qu'accompagne fréquemment celui d'une profonde solitude professionnelle.
Nombreux en effet sont les textes qui reprennent les thèses de Foucault, d'Ehrenberg et de Lagache, dénonçant parfois le manque de clarté que recouvre le titre de psychologue ou encore l'utilisation du soignant comme maillon d'un ensemble économique idéal, où la marchandise remplace le Sujet et dont le psychologue serait l'agent. Nombreux également sont ceux qui portent avec eux l'espoir que les psychologues puissent enfin prendre la mesure du rôle qu'ils peuvent jouer dans les évolutions majeures de notre société; et qu'ils ne se privent pas de l'exprimer.
Quel que soit le point de vue qui aura votre préférence, que vous défendiez la thèse du salutaire silence ou de la nécessaire parole, l'esprit avec lequel nous avons conçu ce dossier aura trouvé son but s'il vous convainc de porter publiquement votre choix.
Sophie Bernard, François Grünspan
Sommaire du dossier
Introduction
Aise et malaise du psychologue - G. Fourcher
Le psychologue n'existe pas. Pour une pensée de la pratique du psychologue au carrefour de la clinique et de la politique - F. Gabarron-Garcia
Les psychologues, des sans-voix ? - P. Le Maléfan
Disparités de la perception sociale des différents métiers de la psychologie clinique et pathologique - E. Jalley
Analyser l'inanalysable - S. Stirn
Psychologie partout, psychologues nulle part... ? - S. Abdel Bar Ducéré, M. Quint-Bimont
L'implication des psychologues en politique : l'avenir d'une illusion ? - E. Jacquelet, N. Khatir
Enjeux d'écriture et écriture des enjeux - E. Garcin
Le psychologue dans la société - F. Grünspan
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