Edito

[publié le 13/04/2018]

Edito 255 : 1968-2018 : 50 ans de combats pour la déontologie et l'autonomie professionnelle

Dès 1965, le Ccop1 a constitué une première tentative de rassemblement de la quasi-totalité des organisations professionnelles de psychologues. Ensuite, au sein d’une commission mise en place par le ministre E. Faure dans la foulée de mai 68, Didier Anzieu, le Snp et la Sfp ont essayé d’organiser la profession autour de la constitution d’un statut des psychologues et de la légalisation de la déontologie. Les structurations partielles existant déjà dans divers champs d’exercice ont alors constitué un frein à une union efficace de la profession. Des oppositions ministérielles d’une part et celle de l’Ordre des médecins d’autre part ont fait le reste. L’avènement d’un statut de profession autonome totalement reconnu pour les psychologues n’a pas été possible et seule la protection du titre a été obtenue quelques 15 ans plus tard.

 

 

Aujourd’hui, les organisations de psychologues — généralistes, comme le Snp, la Ffpp ou la Sfp, ou regroupant spécifiquement des psychologues salariés ou agent de l’Etat ou encore liées à un champ d’exercice particulier — ont décidé de se rassembler. Une première réunion a lieu ce 7 avril pour formuler une demande commune de légalisation de la déontologie des psychologues. Le travail de structuration globale de la profession peut enfin reprendre.
Pour réussir ce que nos ainés n’ont pas pu obtenir, nous devrons éviter les écueils qui ont empêché la réalisation complète du projet dans les années 70.
Alors que le psychologue clinicien est maintenant inscrit comme profession autonome dans le Code de la santé belge, cette reconnaissance est encore particulièrement difficile en France. En effet, déjà en 1952, « l’Ordre des médecins avait mis en place une commission d’études sur la “place des psychologues parmi les auxiliaires médicaux” et défendu l’idée d’un statut de psychologue placé sous la tutelle médicale, notamment pour assister le psychiatre dans la passation et l’analyse des tests »2. Au cours de l’une des séances de cette commission, le psychiatre Henry Ey avait d’ailleurs souligné : « […] Nous sommes tous d’accord pour qu’il y ait des auxiliaires médicaux qui nous aident à faire les tests, mais nous ne serons jamais assez méfiants à l’égard des diagnostics qu’ils se permettront de faire. »

 

 

L’intégration des psychologues dans le Code de la santé est actuellement envisagée par la Caisse nationale d’assurance maladie et nous devons empêcher que celle-ci ne ravive les projets faits dans les années 50 par l’Ordre des médecins. Le combat pour la reconnaissance pleine et entière de notre profession et son autonomie vis-à-vis de la médecine reste plus que jamais d’actualité.

 

 

Alors que le public s’adresse de plus en plus spontanément aux psychologues, le nombre de postes dans les services publics et assimilés stagne. Plus du quart des psychologues exerce pour tout ou partie en libéral. Pour tenter de répondre à la demande de soin psychologique, des expérimentations de remboursement des psychologues exerçant en libéral sont en cours mais elles se font au mépris de notre autonomie d’exercice.

 

 

Notre unité par et pour la déontologie que prépare la rencontre du 7 avril est une nécessité absolue pour parvenir à dépasser l’incapacité à porter un discours unitaire qui aille au-delà des clivages statutaires de la profession3. Depuis sa création, le Snp est engagé dans ce combat indispensable à une reconnaissance complète des psychologues comme profession libérale autonome et ce quel que soit leur mode d’exercice : salarié, agent de l’Etat ou travailleur indépendant.

 


JACQUES BORGY, Sg
Paris le 3 avril 2018

 

1 Comité de coordination des organisations de psychologues
2 In l’article du sociologue Thomas Le Bianic, « Une profession balkanisée : les psychologues face à l'État en France (1945-1985) », Politix 2013/2 (N° 102), p. 175-207. DOI 10.3917/pox.102.0175
Ibid.

 

 

 

 

 

 


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