Edito
Edito 252-253 : Psychologue quésaco ?
Je croyais le savoir. Responsable syndical depuis quelque temps, j’ai un peu travaillé la question.
Ayant rencontré pas mal d’enseignants et de praticiens, j’avais cru comprendre ce à quoi ce vocable correspondait. Ayant quelques années de pratique, je croyais savoir ce que j’étais…
Et pourtant, oui, depuis quelque temps, il y a des jours où je me demande : « Psychologue quèsaco ? »
Cela a commencé à être une interrogation sérieuse quand, à la lecture des résultats de l’enquête effectuée par nos confrères et consoeurs de la FFPP auprès des psychologues, j’ai découvert que plus des deux-tiers de ceux qui avaient répondu à cette enquête trouveraient normal que le remboursement de leurs actes passe par une prescription médicale !
J’ai pensé, alors, que je ne savais plus ce que c’était que d’être psychologue. Je découvrais, dans cette enquête, que pour les deux-tiers d’entre nous faire décider par un autre professionnel la pertinence d’un soin psychologique ne posait aucun problème. Ça alors !
Peut-être n’avions-nous pas été formés à la même profession ? Ou peut-être certains psychologues avaient-ils été insuffisamment formés à être des professionnels autonomes et personnellement
responsables de leurs actes professionnels.
Sans doute devrions-nous aussi expliciter plus distinctement auprès des confrères et consoeurs les fondamentaux de la profession, ce qui constitue les bases même de la prise en charge psychologique de personnes ou de groupes : nos références déontologiques. Consulter un psychologue ne peut être qu’une démarche individualisée nécessitant une rencontre entre le consultant et le praticien, rencontre qui ne peut par définition se prescrire.
Ces fondamentaux étaient déjà exprimés dans le Code de 1996, signé par la plupart des organisations : « Dans le cadre de ses compétences professionnelles, le psychologue décide du choix et de l'application des méthodes et techniques psychologiques qu'il conçoit et met en oeuvre. Il répond donc personnellement de ses choix et des conséquences directes de ses actions et avis professionnels. »
Ils sont aussi clairement exprimés dans l’actualisation de ce Code faite par certains signataires en 2012 : « […] Dans le cadre de sa compétence professionnelle, le psychologue décide et répond personnellement du choix et de l’application des méthodes et techniques qu’il conçoit et met en oeuvre et des avis qu’il formule […] »
Nous les avons repris dans notre proposition de Code légalisable en 2015 : « Le psychologue est personnellement responsable des méthodes et techniques qu’il choisit ou conçoit et met en oeuvre en toute autonomie, dans le respect des missions qui lui sont confiées. »
Oublier ou abandonner ces fondamentaux serait détruire l’existence même de notre profession et transformerait le travail des psychologues en actes auxiliaires de la médecine -et qui plus est d’elle
seule- sans consistance propre.
La responsabilité du SNP et des autres organisations de psychologues est immense : nous ne pouvons estimer que ces questions sont accessoires car accepter d’abandonner l’autonomie professionnelle reviendrait à détruire la profession elle-même. Nous appelons donc à un rassemblement de toute la profession autour de ces fondamentaux !
JACQUES BORGY, Sg
le 26 novembre 2017
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